Les zones humides (ZH) sont des socio-écosystèmes pris entre divers enjeux d'usage et de préservation (e.g. activités socio-économiques multiples et fonctions écologiques). Cette multifonctionnalité nécessite la mise en place d'instruments spécifiques de gestion, multipliés depuis la signature de la Convention de Ramsar en 1971 et l'accentuation des enjeux de préservation. Le contexte actuel de changements globaux - en particulier le risque de submersion marine - vient questionner le devenir des ZH et l'évolution des modes de gestion.

Ce travail propose une analyse en économie institutionnelle des trajectoires des ZH face au risque de submersion marine, en étudiant plus particulièrement les compromis patrimoniaux de ces espaces spécifiques. Les compromis émergent des divergences de logiques entre les acteurs du fait de l'existence de logiques patrimoniales – visant la préservation d'éléments constitutifs de l'identité des communautés humaines associées à ces ZH – s'articulant avec des logiques d'usage et d'intérêts individuels et collectifs. Les accords issus de ces confrontations de points de vue permettent aux acteurs des territoires de se coordonner

L'analyse empirique porte sur deux marais rétro-littoraux de Charente-Maritime (Brouage et Fier d'Ars) dont les enjeux d'usage et de préservation sont renouvelés par le risque de submersion. L'évolution du milieu biophysique en cours et la remise en cause de certaines activités socio-économiques traditionnelles (e.g. saliculture, élevage extensif), conjuguée aux débats sur le devenir des digues – notamment au niveau des réserves naturelles nationales – entraînent de potentielles controverses et une accentuation des divergences de points de vue. Les compromis patrimoniaux sont de fait amenés à évoluer.

Cette lecture institutionnaliste du choix des acteurs permet de comprendre les stratégies d'adaptation établies par les acteurs des territoires pour faire face au risque de submersion marine.